Fortuné Layraud 1833 / 1913
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph-Fortun%C3%A9-S%C3%A9raphin_Layraud
Biographie
Fortuné Layraud naît le 12 octobre 18331 à La Roche-sur-le-Buis (Drôme) où son père est cabaretier et possède une petite exploitation de 15 hectares. Sixième enfant d’une fratrie de huit, défavorisé à la mort de ses parents par l'héritage qui privilégie les 2 frères aînés, il reste, jusqu’à l’âge de 20 ans, un modeste berger, inculte, arpentant les collines de la Drôme en gardant le troupeau familial.
Un berger talentueux
Après avoir croisé la route d’un petit marchand ambulant de statuettes, Fortuné Layraud occupe ses mains durant les mois d’estive, seul avec son troupeau, à modeler de petits personnages en terre glaise, qu'il s'applique ensuite à colorier, ou à graver patiemment des pierres.
C’est Jouve, le curé de sa paroisse, à La Roche-sur-le-Buis, qui repère les dons artistiques du jeune berger et qui le prend sous sa protection, reprenant son alphabétisation, abandonnée depuis longtemps, s’occupant de son instruction et lui enseignant les rudiments du dessin. Dès lors, le jeune homme n’a de cesse de devenir peintre. Sa famille n’étant pas du même avis, il doit se constituer un capital pour pouvoir quitter son village : il se fait trappeur, probablement braconnier, vendant ainsi en 1853 pour près de 200 francs de fourrures (renard, martre...) à la foire locale.
À force d’obstination, il parvient en avril 1853 à se faire confier par sa famille à un oncle de Marseille qui exerce la fonction de douanier ; l'accueil de ce dernier n'est pas des plus chaleureux. La barbe et les cheveux hirsutes, l'accoutrement campagnard du pâtre des Baronnies, ses explications résolues, laissent ahuri le brave employé des Douanes.
Étudiant aux Beaux-Arts de Marseille
Finalement, Fortuné Layraud parvient à convaincre son oncle de le présenter à Émile Loubon directeur de l'école des beaux arts de la ville. Celui-ci, également éberlué par la mine et les propos de son visiteur lui conseille tout d'abord de « retourner à ses moutons ». Après réflexion, cédant aux supplications et à l'obstination du jeune homme, il consent à l'admettre pour huit jours dans son atelier. L'épreuve doit être convaincante puisque Loubon, ce délai passé, non seulement ne le renvoie pas, mais au bout de six mois lui suggère de faire parvenir au Conseil Général de la Drôme une copie de l'allégorie de La Vie et la Mort qu'il vient de peindre.
Sur ces entrefaites, l'épidémie de peste qui ravage alors Marseille, l'ayant épargné, il est victime d'un nouveau contretemps : bien qu'exempté du service militaire par le tirage au sort d'un bon numéro, Layraud est mobilisé au cinquième Régiment d'Artillerie de Grenoble malgré une lettre de recommandation du préfet de la Drôme. Désigné pour partir en Crimée où la guerre fait rage, il est dirigé sur Marseille en vue de son embarquement pour Sébastopol mais pendant les préparatifs du voyage, Fortuné Layraud tombe malade.
Au cours de sa convalescence. il essaie de se trouver un remplaçant comme cela se fait à l'époque et peut à grand-peine recueillir les 2 000 francs nécessaires. Mais la malchance le poursuit : les trois premiers remplaçants qu'il présente sont successivement récusés pour des raisons diverses. Enfin, le quatrième est accepté en se faisant passer pour cordonnier. Entre temps, les conseillers généraux de la Drôme, frappés des qualités de l'allégorie de La Vie et la Mort qu'ils ont enfin reçue, allouent au jeune peintre une pension annuelle de 600 francs, pour lui permettre de poursuivre ses études à Paris, et font placer son tableau au Musée de Valence.
L'apprentissage à Paris.
Libéré de ses obligations militaires, Layraud peut enfin se rendre à Paris en 1855 où il est recommandé à Léon Cogniet. Il s'inscrit à l'École des beaux arts de Paris le 9 octobre 1856, sous le numéro 3010 du registre des élèves et débute son apprentissage, puis sa carrière d’artiste, auprès du maître, mais aussi de Robert-Fleury. En 1859 il participe pour la 1er
fois au Salon de Paris et présente deux toiles dont un autoportrait.
Fortuné Layraud obtient le second Grand Prix de Rome au concours de peinture de 1860 dont le sujet est Sophocle accusé par ses fils et le Conseil Général de la Drôme lui double sa pension. En 1861, toujours élève, il expose trois toiles au Salon de Paris dont Le Portrait de Pierre Dupont, – célèbre chansonnier et poète de l’époque avec qui il s'est lié d’amitié ainsi qu'avec Léon Gambetta et Émile Loubet, drômois comme lui – et Le Berger des Alpes, qui est très certainement un autre autoportrait vendu à l’occasion du salon.
C’est seulement deux ans plus tard en 1863 que Layraud décroche, avec son tableau Joseph se fait reconnaître par ses frères, le précieux premier Grand Prix ex-æquo avec Alphonse Monchablon. Mauvaise année que cette année 1863 : Napoléon III doit organiser le « salon des refusés » où sont exposés les impressionnistes Cézanne, Monet, Manet…. L’histoire de l’art ne retient que le « salon des refusés »12. Le conseil municipal de son village se fend pourtant de quelques lignes élogieuses dans une délibération d’octobre 1863 et ce succès ouvre à Layraud les portes de l'Académie de France à Rome où il séjourne de 1864 à 1870.
Joseph se fait reconnaître par ses frères (Prix de Rome 1863)
La villa Médicis.
Layraud rejoint la Villa Médicis le 24 janvier 1864 ; il voyage : Pompéi, Naples, etc. et produit de nombreuses œuvres, les « envois de Rome », en se spécialisant progressivement vers le portrait et en produisant ses premières grandes toiles : c’est à Rome qu’il réalise en 1869, sur fond de bitume, le Portrait de Franz Liszt, mais aussi le Saint-Sébastien qui est de nos jours en l’église de son village natal et La Descente de croix dans l’église Saint-Martin à Vert-le-Petit.
Son séjour s'achève en principe en 1868 au bout de cinq ans, mais son envoi de 5e année justifie par les dimensions du tableau – 6,40 m x 3 m – la prolongation de son séjour. Ce tableau Brigands et captifs est achevé en 1870 et présenté à l'exposition internationale de Londres de 1871, puis au Salon de 1872 ; il est acquis par le gouvernement anglais,Note 9 qui le présente à Londres, puis à Melbourne où la toile disparaît mystérieusement entre 1955 et 1986, alors qu’elle est conservée à la National Gallery of Victoria; elle est rayée des inventaires en 1992.
En 1869, à la suite de fouilles ordonnées par Napoléon III, la Villa Livia est découverte sur le mont Palatin par Pietro Rosa (it). Profitant de la prolongation de son séjour, Layraud peint la Vue des fouilles de la Maison de Livie sur le Mont Palatin et à cette occasion, il fait une copie très exacte de cinq fresques récemment révélées; ses cinq tableaux sont ensuite placés à l'école des Beaux-Arts de Paris dans le vestibule de la salle où se font les expositions publiques, du côté du quai Malaquais
La période portugaise, Paris.
Rentré à Paris en 1870, Fortuné Layraud est envoyé par Léon Gambetta suivre comme ambulancier les troupes sur les champs de bataille de Champigny et au salon de 1872, il expose Supplice de Marsyas, peint lors de son séjour à la Villa Médicis. Il voyage ensuite à Londres, en Espagne, mais surtout au Portugal où il séjourne de 1873 à 1877 et y côtoie la famille royale dont il réalise quelques portraits. Il peint en 1874 La Rive droite du Tage et Vue de Lisbonne, en 1876, la reine Maria Pia et au Salon de Paris de 187836, Layraud expose le portrait en pied du roi de Portugal Ferdinand II et celui de son épouse morganatique Elisa Hensler, la comtesse d’Edla. Il est fait Chevalier de l'Ordre du Christ.
C’est au Portugal qu’il rencontre Pauline Saunier qui, laissant son époux à Lisbonne, devient la compagne de Layraud jusqu’à la fin de ses jours. Le peintre l’a représentée à plusieurs reprises, notamment dans le grand portrait en pied du musée de Valenciennes qu’il a gardé près de lui tant qu’elle était en vie. Il prête également ses traits en 1886 à sa Mater dolorosa offerte à l’église Saint-Christophe de La Roche-sur-le-Buis, sa ville natale. De retour en France, Layraud s’installe avec Pauline rue Poussin, à Auteuil. Il retrouve son ami Émile Loubet et réalise plusieurs portraits de la famille du Président dont il fait plus tard le portrait exposé à l'Exposition universelle de 1900.
Au Salon de 1881,
Layraud présente Diogène, exposé en 1883 à Amsterdam pour l'exposition internationale et coloniale et déposé ensuite au Musée de Narbonne puis, au Salon de 1882, La Mort d’Inès de Castro. C'est ensuite La mort d’Agrippine, Les noceurs en 1884, La sculpture en 1886, Le marteau-pilon en 188947 qui obtiendra la médaille de bronze à l'Exposition universelle, Saint Jacques le Majeur en 1895, Les puiseurs d’eau à Pompeï en 1896.
Il est l'auteur du carton d'un des vitraux de la Cathédrale Saint-Apollinaire de Valence (1896). Le musée de la ville compte dans ses collections Le radeau de la Méduse, exécuté par Layraud d'après le tableau de Géricault et la galerie de l'évêché un Portrait de l'évêque de Valence. Le musée Bonnat de Bayonne possède de lui Portrait de femme au chapeau noir, l'Hôtel de Ville de Paris La sculpture
Peintre parisien reconnu – Théophile Gautier, Guy de Maupassant, Barbey d’Aurevilly comptent parmi ses critiques d'art – Layraud est nommé en 1890 au grade de Chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur au titre des beaux-arts, et est reçu dans l’ordre par l’architecte Jean-Louis Pascal, Prix de Rome également, qu’il a connu à Rome entre 1866 et 1870.
Un tableau dans la maison Saint Prix
